Le royaume de Sarovruivre
Sarovruivre n’est aujourd’hui plus que le nom d’un pays en ruine et d’un symbole de ce qui peut arriver quand on se laisse emporter par des envies de conquêtes.
Car Sarovruivre, c’était avant tout une lignée, celle du clan éponyme, constitué d’une puissante race de dragon : les vouivres d’ébène.
Les Sarovruivre se sont jadis installés dans une région éloignée et, profitant de leur puissance monstrueuse et surtout de leur unité, se sont proclamés maîtres des lieux.
Profondément belliciste, les Sarovruivre ont soumis sous leur coupe les habitants locaux et portés par leurs victoires, se sont mis à prendre de plus en plus de territoires. Puis, ils ont formalisé, organisé et consolidé leurs conquêtes pour former un royaume. Le chef du clan des Sarovruivre est alors devenu le roi du tout nouveau royaume de Sarovruivre.
Bien fonctionnant sur le principe de la royauté pratiquement absolue, le royaume fonctionnait en mélangeant noblesse et méritocratie, les vouivres d’ébènes du clan formaient la noblesse, le roi répartissant les terres, les charges et les titres entre les membres du clan. Et en dessous d’eux, les plus méritants avaient une chance de servir à des postes plus intéressants.
Le peuple était plutôt correctement traité et la vie n’y était pas si mal, si on omettait les fréquents ordres de mobilisation.
Car le royaume n’en resta pas là, les sarovruivre étaient ivres de conquêtes et une fois la machine lancée, il était impossible de la stopper. Une grande partie de l’économie du royaume tournait autour de la guerre, c’était cette guerre qui poussait le progrès scientifique et technique, elle qui faisait tourner les ateliers puis les usines, c’était elle qui maintenait l’économie et aussi elle qui fit de l’académie royale de magie l’une des plus puissantes institutions en sa matière à l’époque.
Au final, le pays se retrouva prisonnier de sa propre soif de conquête. Malgré la grande longévité des vouivres d’ébènes, les rois changèrent souvent, pour la simple raison que beaucoup moururent au combat. Mais cela ne put jamais affaiblir le pays, car sitôt qu’un roi mourrait, un héritier reprenait immédiatement la place. Au final, le royaume était plus sous le joug de sa propre doctrine que celle du roi.
Le jour où le royaume devint enfin voisin de l’autre grande puissance, Qu’ez-tek, le monde trembla. Personne ne sait très bien si les Sarovruivre ouvrirent les hostilités pour de vraies raisons ou sur un prétexte.
La plus grande guerre de Saol Eile commença. Les races se déchirèrent et les deux pays finirent par s’en écrouler. Les vouivres d’ébène disparurent quasiment tous, de nombreux membres du clan périrent au front et le reste fut en partie décimé avec la capitale du royaume.
Les petits seigneurs locaux, privés de liens par la perte du clan royal, se déchirèrent pour les restes et ceux qui refusèrent de cesser les hostilités finirent détruits par la magie de la grande enchanteresse Kassandra et ses Apprentis.
Aujourd’hui, les grandes villes du royaume ne sont plus que ruines et qui sait quels secrets et quelles armes terribles sommeillent peut-être encore dedans…