Me décrire ce n’est pas quelque chose que j’ai vraiment l’habitude de faire.
Je suis assez simple en fait. Je mesure 1m76 pour un peu plus de 80/85Kg. Je suis pourtant assez fin, mais j’ai une musculature sèche et dense. La pratique en salle de sport ainsi que mon intense activité sportive font que ben, j’ai un corps adapté à mes activités. Pourtant, comme je porte surtout des vêtements amples ça ne se voit pas trop.

Quand je traîne en ville, ou avec mes amis, je serais le genre à avoir un tee-shirt ample ou une chemise large avec un jean un peu ample. J’adore les pantalons cargos et les tenues de randonnées, donc ça m’arrive d’en porter même en dehors de mes activités. Tout ça fait que ben, quant on me voit, on voit juste un homme ni trop grand, ni trop petit mais pas très large bien qu’un peu lourd à la peser pour sa taille.

Pour en revenir à mon apparence, on peut noter que j’ai les beaux yeux bleus de ma mère. Il parait cependant que mon visage, ma carrure, tout ça je le tiens surtout de mon père. Pour mes cheveux, ils sont noirs. Un noir bien profond, typique des Japonais d’après ma mère. Mais voilà, je les colore aux deux tiers, trois-quarts, dans un bleu turquoise assez vif. Et je les coiffe avec pas mal de gel aussi, j’avoue. Un truc resté de mes années collège et comme ça me va j’ai gardé. Pourquoi je fais ça ? Ben, quant vous êtes humain au milieu de mythique, franchement, vous ressentez à un moment l’envie de vous démarquez un peu. De faire, moins humain. Peut-être que dans le futur, j’arrêterais mais je me sens plus à l’aise en agissant ainsi.

Autre caractéristique, je porte quasiment tout le temps au moins un bandana. Que cela soit dans ma coiffure, au poignet, autour du cou, en écharpe ou en accessoire de pantalon, peu m’importe. J’en ai au moins toujours un sur moi. Je ne suis pas à l’aise sans, et puis je fais la collection de bandanas alors, ça serait dommage de les garder dans ma garde-robe sans jamais les porter. Y’en a qu’un que je ne porte que rarement, celui que j’ai hérité de mon père. Je le porte uniquement quand je traîne chez moi et que moralement ça ne va pas trop.

Je pense donc je suis ? D’accord, on va éviter l’humour nul.

Je suis un gars normal. Je veux dire, j’ai mes qualités et mes défauts. Par exemple, je sais que mes amis je tiens à eux et je ferais tout pour eux. Je n’en ai pas forcément des masses après. Cependant, j’ai la rancune tenace donc quant on me fait une crasse et qu’on perd ma confiance, dur de la récupérer.

J’aime sortir avec mes anciens camarades de classe, aller faire la fête avec eux de temps en temps, profiter des choses simples. Cela étant, j’aime ça mais à petite dose. Je ne suis pas la personne la plus « sociable » de la ville. Je préfère passer du temps à battre la campagne, me promener dans la forêt ou arpenter la montagne. Je suis un peu le campagnard en plus d’être l’Humain.
J’ai grandi en étant un peu un instrument de foire ou de curiosité. L’anormale, en quelque sorte ? Bon, ça ne m’a pas empêché de nouer des liens, mais ça fait que j’ai tendance à me diminuer.

Je veux dire, à l’école j’ai toujours été un élève moyen. J’avais beau faire du mieux que je pouvais, je n’étais pas à égalité avec les enfants mythiques que je côtoyais sur le plan physique. Et je n’ai pas la Magie. De plus, je ne suis pas une tête. Les études, les sciences, les trucs compliqués ce n’est pas mon truc. Pourtant sur ça, humain et mythes on a les mêmes bases à peu de choses prêts qu’ils ont, pour la plupart, plus de temps que nous pour apprendre.

Il n’est pas faux de dire que j’ai un petit complexe sur le fait d’être un Humain. Cela fait que je suis peut-être trop modeste ou humble, et ça peut en déranger certains. Au fond, je me dis que l’arrivé des humains à Ta Suil c’est peut-être ce qui va me permettre, petit à petit, de trouver ma place. Car j’avais l’impression de pas être là où je devais être avant ça.

Si je devais ajouter des informations et bien… Je suis d’une nature assez calme. J’aime me poser devant un beau paysage à écouter le chant des oiseaux, le clapotis d’un ruisseau, le vent qui souffle. Je suis assez contemplatif. La nature m’apaise. Je sais qu’elle est une force qui peut me détruire mais je l’aime autant que je la respecte. J’adore le sucrée sinon, et la neige. L’hiver est ma saison favorite. Le curry de ma mère est mon plat favori avec la viande séchée que je me fais avec du gibier que je chasse en période légale.

Oui, je pratique la chasse. Mais seulement le strict nécessaire et uniquement quand elle est ouverte pour réguler les populations. Dans ces périodes, il m’arrive de vendre la viande excédentaire que j’obtiens pour me faire un peu d’argent supplémentaire. On est que trois à la maison et le gibier tel que le cerf ou l’isard c’est trop pour nous donc bon. Je chasse aussi bien à l’arme à feu qu’à l’arc et aux pièges. Je préfère néanmoins l’arc et les pièges… mais quand l’animal est assez dangereux, mieux vaut une carabine soyons honnête. La Crête d’Ivoire et le Labyrinthe d’Émeraude sont le territoire d’animaux sauvages parfois dangereux aussi.

Alors, mon histoire à moi elle est simple. Je n’ai même pas encore 19 ans…
Je suis né à Ta Suil d’une maman géniale. Elle m’a apporté tout l’amour qu’elle avait en elle pour que je grandisse dans de bonnes conditions. J’allais à l’école comme n’importe quel enfant, j’étais un enfant un peu timide et très calme mais très sportif. J’ai eu une période de décrochage scolaire où je préférais rester dans la nature pour « battre la campagne », me laissé aller et divaguer.  

Ma mère s’est remariée, et j’adore ma deuxième maman. On est très complice tous les deux. Enfin, j’ai terminé mes études et j’ai décidé de vivre de ma passion. J’ai obtenu les accréditations pour être guide de randonnée, et j’aide parfois dans des rôles de garde-chasse. Ma spécialité c’est l’alpinisme mais je suis aussi très à l’aise en forêt. En vrai, je suis à l’aise dans le domaine de la débrouille et de la survie. C’est ce que j’aime.

Et puis voilà. Une histoire simple…
Mais je suis un humain dans un monde de mythique.

En vrai, ce qui rend mon histoire atypique c’est celle de ma mère. Ma maman, c’est une Yuki Onna. Elle est originaire d’un village de femme des glaces encore installé dans les forêts d’Aomori. Son clan n’a jamais quitté la Terre, ce sont des marginaux. Leur tradition c’est qu’une fois qu’une Yuki Onna a la cinquantaine ou plus, elle doit profiter d’un hiver rude et d’un blizzard soudain -souvent généré par le village- pour piéger un homme dans un refuge et le charmer. En somme, le but, c’est de se reproduire. Si l’enfant est une fille, c’est bon. Si c’est un garçon, il sera abandonné au monde des hommes.

Mon père, Mamoru Kenta, était un chasseur matagi. Il a été piégé dans une tempête organisée pour que ma maman, elle ait un enfant. Mais voilà, mon père il a refusé de passer la nuit avec ma mère en remerciement de son sauvetage au milieu du blizzard. Un type bien quoi. Intègre. Alors quant il a refusé, ma mère a été assez choquée. Aucun homme n’avait jamais refusé les avances d’une Yuki Onna de leur clan. Elle lui a même dit qu’elle était une femme des glaces, mais de ce qu’elle m’a raconté, il lui a rit au nez en ne la croyant pas.

Leur idylle a commencé là. Chaque hiver, ils se rencontraient. Ma mère ne l’approchait qu’à ses périodes. Et après quelques années de ce petit jeu, bien dix ans de ce qu’elle m’a dit, ils se sont avouer leur amour respectif. Maman a fui le clan, pour vivre comme une humaine à ses côtés. Aujourd’hui encore il lui arrive de ma parler de lui… De comment c’était un homme charmant, gentil, mystérieux, parfait. Les souvenirs de mon père lui sont précieux et même si elle a fait son deuil et s’est remariée, elle l’aime toujours.

Car oui, mon père est mort. Maman venait d’apprendre qu’elle était enceinte de moi. Cependant, elle n’a jamais eu le temps de lui annoncer qu’il allait être père. En tant que matagi, il guidait les gens en forêt et dans le massif montagneux mais surtout, il chassait l’ours. Et en hiver, ce sont les ours qui peuvent être une menace pour l’homme que l’on chasse. Ceux qui n’ont pas put entrer en état d’hivernation et qui sont donc affamés et dangereux. Il a traqué l’animal, l’a blessé mortellement… Mais il y a lui aussi laissé la vie.

Ce jour-là, maman a vu son monde réduit à néant. Elle a récupéré les cendres de mon père, les perles de ses larmes d’un chagrin sincère, et quelques effets personnels de mon parent. Elle ne pouvait pas retourner à son village car elle l’avait fui donc, elle a cherché une faille pour rejoindre Saol Eile. Elle était persuadée qu’elle allait avoir une fille, vu le très faible pourcentage de naître garçon chez un enfant de Yuki Onna.

C’est par hasard qu’elle arriva à Ta Suil et s’y installa. Et c’est le hasard qui a voulu que je sois un garçon et donc, un humain. Elle aurait pu me renvoyer dans le monde humain, chez la famille de mon père… Mais non. J’étais son bébé, leur bébé. Elle m’a donc gardé. Elle se disait que si jamais je souffrais trop de ma différence, on trouverait une solution une fois que j’aurais été adulte. En tout cas, quant Kassandra est arrivée à Ta Suil, l’a développé, et a réalisé le rituel du fertile espoir je me souviens avoir vu ma mère pleurait de joie. Un torrent de perles magnifiques.

Elle avait toujours culpabilisé de me priver d’un futur normal en me gardant prés d’elle. Mais maintenant, je pouvais rester dans ce monde avec l’espoir de fonder une famille à mon tour. Et quant le Flux fut activé la première fois, j’étais encore au lycée, c’est là que j’ai compris que le monde de mon père n’était plus une chimère. Que je n’étais plus seul. Je n’étais plus la bizarrerie de l’école mais quelqu’un de ce monde. J’ai ma place ici et pas ailleurs.