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"Printemps ~ An-10"
Alors que Saol Eile entame sa dixième année depuis le sacrifice de la Grande Enchanteresse, cela fait maintenant deux ans que le Flux est ouvert et que l'Agence s'est mise au travail.
Plusieurs centaines d'humains sont déjà présents et le projet se porte bien, permettant aux Apprentis de Kassandra d'entretenir l'espoir offert par cette dernière.
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Saol Eile :: Les Dossiers Identitaires :: Présentations :: Mythiques validés
Niam Saoirse Eo v2
Race Mythique
Niam Eo    
Race Mythique
Niam Eo
▌Jour d'Arrivée : 14/09/2017
▌Messages : 530
▌Âge du Personnage : 569 ans
▌Race : Banshee
▌En couple avec : /
▌Métier : Juge pénal
▌Actif ? : Oui (rythme lent)

Niam Saoirse Eo v2 Empty
25.04.23 14:15


◈ Niam Eo ◈
"Citation"

avatarbase-50221de.png⇒ Nom : Eo
⇒ Prénom :Niam (prononcer Nieve) Saoirse (prononcer Seercha)
⇒ Âge : 569 ans (Née en 1454)

⇒ Race : Banshee
⇒ Métier : Juge pénal


◈ Physiologie ◈

Brumes et neige, la banshee présente une silhouette nivéenne, un camaïeu immaculé et évanescent, un éclat d'opale. Petite, sa silhouette est si élancée qu'on la pense plus haute que son mètre et demi, mais il n'est pas rare pourtant que tous la domine de leur taille. Malgré cela, elle se démarque, par sa pâle nitescence, pareille à celle du brouillard sous la lune, faible mais indéniable. Par la finesse de ses traits, sculptés dans une pure opale, sa peau paraissant translucide et minérale. Enchâssées entre des cils à la teinte du plomb, les orbes azurines sont dépourvues de pupille, et lui donne un regard aveugle et indéchiffrable. Aveugle, pourtant, elle ne l'est pas, et marmoréenne pas davantage. Son visage d'albâtre est mobile et expressif, et bien souvent ses lèvres de dragée se courbe d'un sourire, laissent filtrer un rire clair entre les dents petites. Son nez droit parachève ce portrait d'une beauté classique et pourtant étrange, qu'encadre une chevelure nivéenne, épaisse et immaculée, qui plus qu'un vestige de fourrure évoque le lissé parfait de la neige fraîche, et cascade le long de son dos souple jusqu'à caresser l'arrière de ses genoux.

Des coiffures complexes la sculptent de tresses et chignons, la parent de perles aux teintes parfois adamantines, et parfois au contraire très vives, comme si elle mettait dans ses apparents la couleur qui manque à sa clarté lunaire. Jamais elle ne porte de fer ou d'acier, en revanche, et ses rares bijoux sont de bois ou d'argent. Sa vêture de même change avec ses envies et humeurs, parfois longues robes aux teintes pâles, esquisses pastelles sur son corps fin, parfois tailleurs aux couleurs vives ou sombres, et parfois simples jeans et chemises. Il n'est pas rare non plus de la voir entièrement vêtue de cuir blanc, bottes, pantalon épais et blouson, tandis qu'un casque de même couleur traîne non loin d'elle. La banshee a toujours aimé les montures, se faisait offrir par les clans qu'elle joignait des chevaux. Aujourd'hui elle les aime toujours autant, mais utilise pour se déplacer en ville des motos. Celle qu'on lui voit le plus souvent est une 1100 dragstar blanche et chromée, qui mêle à son apparition fantomatique le grondement de son moteur, mais elle en possède plusieurs, tant américaines que japonaises, toutes des customs néanmoins. Cet amour qu'elle a pour les motos est bien connu en ville, et assez nombreux sont ceux qui savent que les gants immaculés qu'elle porte parfois servent avant tout à dissimuler les traces demeurant de ses travaux de mécanique.


◈ Psychologie ◈

La pleureuse est consciente de l'image qu'elle dégage, de calme et de raffinement, et sans qu'on puisse réellement dire qu'elle en joue, elle s'assure néanmoins de ne pas heurter ses interlocuteurs en les détrompant trop brutalement. Car un caractère est toujours complexe, et fait de bien des couches et des facettes.
En société, elle est d'une élégance irréprochable, femme distinguée et affable, compréhensive et souriante, toujours cherchant les meilleures solutions pour contenter les différentes parties tout en servant la justice et la loi, sans jamais s'impliquer trop personnellement. Il semble difficile, de ce fait, de lui faire perdre son calme, mais elle dégage une impression de raideur et de détachement, comme si elle intervenait dans le monde sans réellement y être présente. Il lui arrive néanmoins de montrer davantage d'émotion, lorsque les personnes impliquées viennent de sa nation d'origine, et sont des irlandais, par naissance ou par héritage. Elle tâchera alors de demeurer équitable, mais sans dissimuler sa compassion. En revanche, il lui arrive, rarement, de s'isoler, de s'absenter parfois plusieurs jours sans guère d'explications.
Certains, alors, savent que le chaointe monte en elle, qu'elle pleure une mort à venir. Elle ne sait pas exactement qui va les quitter, et ne contrôle pas son chant funèbre. Il l'emplit, prend possession d'elle, et elle ne peut plus alors que chanter et pleurer. Il lui est impossible de le réprimer, et sa seule possibilité est de se tenir à l'écart, jusqu'à la fin du chant, jusqu'à apprendre qui est mort.

En plus petit comité, avec ses proches, elle se montre un peu moins rigide, plus aisée à deviner, généreuse de ses sourires et de sa joie de vivre, alors qu'enfin l'avenir lui paraît riant. Elle ne se leurre pas sur les difficultés quotidiennes, sur les risques du futur, mais elle refuse de se laisser restreindre par la crainte. Le deuil est sa nature, et elle refuse d'en faire sa vie. D'une aisance financière certaine, et consciente de cela, il n'est jamais difficile d'obtenir son aide, dès lors que l'honnêteté est de mise. Elle aime cependant le calme, et il est plutôt rare de la voir dans les clubs et les restaurants, elle préfère partager une soirée amicale dans l'intimité de sa maison, située à l'extérieur de la ville. Elle aime aussi grandement les longues promenades, à pied, à cheval ou en moto, à travers la campagne. Elle n'est pas opposée au programme de l'Agence, consciente qu'il est la dernière chance de bien des races, et ne refuse pas l'idée de s'y impliquer davantage. Elle se présente aux rendez-vous et s'y montre agréable, mais elle juge que d'autres en ont davantage besoin qu'elle, ayant déjà eu des enfants. Cependant, elle a été la compagne d'humains au cours de sa vie, et sait la douleur de leur mort, ce qui la retient de s'ouvrir réellement. Elle sera davantage amicale que séductrice.
En revanche, elle est très réservée sur son intimité la plus proche, ne parlant guère de ses sentiments les plus profonds, de ses attachements les plus précieux. Elle n'évoque presque jamais ses enfants, aujourd'hui loin, ni ses aventures amoureuses. Et face à une personne qu'elle aime ou désire, elle demeure muette, restant amicale sans réussir à montrer davantage. Pour se dévoiler, il lui faut du temps et de la confiance, ou l'urgence, le combat permanent et la mort proche.
Elle est toujours plus renfermée, moins vive, durant le mois de novembre, presque déprimée, et elle demeure souvent seule, cherchant la présence de ses ifs autour d'elle. Comme si la conscience de son âge, de sa vieillesse à venir, se faisait en elle plus aiguë, plus lourde. Mais dès que décembre se présente, elle retrouve son égalité d'humeur.
***

Au-delà du chaointe, Niam maîtrise la magie de la brume. Elle peut créer et manipuler le brouillard, lui donnant des formes parfois bien peu naturelles, jusqu'à s'en vêtir au besoin. Elle peut aussi se dématérialiser, perdant sa consistance pour devenir une bande de brume, pouvant se déplacer à sa guise et reprendre ensuite forme de femme. Mais elle ne peut alors emmener que ses vêtements, et de petits objets, rien ne pesant plus de quelques kilos. Cette capacités dispose d'une contrainte : elle ne peut user de cette magie elle est touche du fer ou de l'acier. Ces métaux bloquent ses pouvoirs, comme le disent les anciennes légendes. Une arme, un bijou, ou plus prosaïquement une paire de menottes la forcent à demeurer solide.


◈ Historique ◈

En cet automne du milieu du XVe  Siècle, l'Eire était une nation paisible. Les envahisseurs normands, après plus d'un siècle d'occupation, semblaient de plus en plus irlandais, et leur culture se faisait gaélique. Dans le Contae Maigh Eo, la plaine des ifs, le domaine de Connelly, près de Béal an Mhuirthead, était si calme qu'il en paraissait figée, en attente, comme un souffle suspendu. La banshee avait chanté, non point larmes et deuil, mais joie et naissance. La lady était grosse, et la délivrance approchait, saluée sous les meilleures auspices. Ainsi crurent les hommes. La banshee n'avait cure de leur méprise, et bien que la naissance d'un héritier au clan lui soit joie, une joie plus grande encore avait porté son chant. Sa fille naissait. Dans un berceau de brume et de bruyère, à l'ombre d'un if foudroyé autrefois, une plume de blancheur dormait, roulée en boule comme un faon. Mais nulle biche, nulle renarde n'en était mère. Seulement la banshee, et elle veillait sur ce précieux sommeil, fredonnant une douce berceuse.
Durant des années, ce fut le seul son articulé qui frappa son oreille, la voix de sa mère, chantante, douce et aimante. Son univers n'était peuplé que de bêtes sauvages, et de quelques troupeaux aperçus au loin. Mais jamais elle ne s'approchait assez pour voir les bergers, pour côtoyer les hommes. Parfois sa mère s'absentait, des larmes perlant à son regard pâle, une plainte au bord des lèvres, mais Niam avait alors interdiction de la suivre.

Dans le reste de l'Eire, des événements se déroulaient, ignorés des pleureuses mythiques, mais qui pourtant influeraient grandement sur la vie de la plus jeune. Elle ignorait alors tout de la loi Poynings, de l'anglais, des cultes divergents. Elle vivait dans la lande, et apprenait peu à peu qui elle était, ce qu'elle était. Ce qu'était l'homme, et le chaointe, ce chant mortuaire irrépressible de sa race, porteur de deuil à venir. Elle passa près d'un siècle en compagnie de sa mère, avant de s'en éloigner, comme le torrent s'éloigne toujours de la source. Car telle était sa nature. Elle ne quitta pas la plaine des ifs, mais gagna une autre région du Contae Maigh Eo, s'attachant au clan O'Lerry, vieille famille de petite noblesse. Pas encore adulte, plus une enfant cependant, elle se lia à eux. Pour un abri, dans les ruines de l'ancien manoir. Pour un clan. Parce que telle était sa nature.


***Journal de John O'Bryan, valet d'écurie au domaine des seigneurs O'Lerry***

18 septembre 1584
Notre lady est morte aujourd'hui. La langueur qui la consumait depuis des mois a eu raison d'elle. Tout le monde la pleure ici, elle laisse deux fils et une fille bien jeunes pour être orphelins. Le seigneur a instauré un deuil de sept jours, et il est interdit à quiconque de se rendre dans la lande et les bois qui entourent le domaine. La banshee pleure, et nul ne doit troubler son chagrin, de crainte d'attirer sur nous son courroux.

[...]

10 octobre 1584
Le jeune seigneur est différent, depuis quelques semaines. Il passe plus de temps à la chasse, mais il revient sans gibier ou presque, et son cheval ne semble pas fatigué, même après avoir passé la journée dehors. Par contre, je passe toujours autant de temps à retirer des épines et des branches mortes de ses crins. Mais il ne m'appartient pas de juger des activités des maîtres, tant que le cheval revient en bonne santé. Il fait sans doute ça pour fuir le décès de sa mère, partie bien trop tôt. Comment l'en blâmer, on aimait tous notre lady.

[…]

27 octobre 1584
Il s'est passé des choses étranges aujourd'hui. La banshee pleure à nouveau, et pourtant nul n'est malade. Chacun redoute le pire, et évite tout ce qui pourrait le mettre en danger. Son chaointe a commencé dans l'après-midi, et il ne cesse pas. D'abord, on a tous craint pour le jeune seigneur, qui était une fois encore parti à la chasse, mais il est rentré peu après le début du chant. Il a ri, et a eu des paroles étranges. « Fée ou non, les femmes rejetées sont toutes les mêmes ! » Et mon Connor lui a répondu qu'il fallait craindre les fées bafouées. Je ne sais pas pourquoi il a dit ça, c'est plutôt un taiseux, un brave gars mais qui se tient dans son coin en général. Le seigneur est devenu blême, et il lui a mis un coup de cravache dans le visage, avant de partir. Jamais il n'avait été violent avant. Je suis d'accord que Connor a été insolent, mais le maître ne frappe pas même les chiens d'habitude. Et maintenant, il faut que j'explique à la mère pourquoi son fils a une marque en travers de la figure. Fils, tu ne pouvais pas te taire ?

[…]

30 octobre 1584
Malgré les pleurs de la banshee, le maître a voulu chasser aujourd'hui, en prévenant qu'il sortait moins longtemps que ces derniers jours. Mais le soleil s'est couché, et il n'est toujours pas revenu. Tous les gars du domaine sont allés à sa recherche, même mon fils. Moi, avec ma patte folle, je suis condamné à attendre leur retour. J'ai prévenu Connor d'éviter la banshee à tout prix, car on ne sait pourquoi elle chante. Je l'attends. Seigneur, pardon, mais je me moque du sort du maître, tant que mon fils me revient.

30 octobre 1584
Il est rentré ! Dieu merci ! Mais les nouvelles qu'il apportait sont sinistres : nul n'a trouvé le maître, mais Connor a ramené son cheval. Tous ses crins sont devenus blancs et il semble très nerveux, alors qu'il y a deux jours c'était encore un bai fringuant. Connor m'a dit qu'il l'avait trouvé dans les bois, mais je sens qu'il me cache quelque chose.

31 octobre 1584
Connor est reparti dans les bois, il dit qu'il cherche le maître. Il me ment, mais malgré mon interdiction d'y aller, il est sorti...

31 octobre 1584
Mon fils n'est pas rentré. J'ai peur. La banshee fait silence. Seigneur protège-le, et protège nous.

3 novembre 1584
Il est rentré hier. Il a changé. Sa mère le croit possédé, mais je sais qu'il ne l'est pas. Il est changé. Touché par les fées. Mais la mère est née en vile, elle ne peut pas comprendre. Lui qui était brun comme un sanglier, il est revenu avec les cheveux presque blancs. La marque de cravache, qui avait presque disparue, est revenue, comme une vieille cicatrice, comme une brûlure. Mais il a surtout ce regard... Comme si il regardait ailleurs. Dans un autre monde. Il parle étrangement, comme un seigneur d'autrefois. Il dit être parti des années, même si il n'est parti que deux jours. La mère a demandé au curé de venir, mais ça ne changera rien. Notre Connor n'est plus le même, et celui que la banshee nous a rendu, il va partir. Il sera un de ces vagabonds, poète et prophète, qui parlent avec les fées et ne vivent plus avec les hommes. Il me fait penser aux contes de mon enfance, sur ces hommes qui ont visité le pays des fées et qui en reviennent différents, en d'autres temps, en d'autres lieux. Connor a embrassé la banshee, il n'est plus tout à fait un humain.

[…]

26 décembre 1584
Il est parti. Il a passé la Noël avec nous, et je ne pensais pas qu'il resterait aussi longtemps. Mais ses affaires ne sont plus là, il est finalement parti.

***



Ce fut entre la fin du XVIe et le début du XVIIe siècle que la banshee découvrit la politique des hommes, et leur influence sur son pays, et sur sa propre vie. Alors que les O'Lerry fuyaient l'île verte, pour rejoindre le continent, l'abandonnant en arrière. Que la banshee se venge de qui la moleste, cela pouvait être accepté par le clan. Mais elle ne le serait pas, en leur exil. Sur ce continent si fier d'être éclairé, les vieilles légendes n'avaient guère de place, surtout venues d'ailleurs. Et le clan y devenait pauvre, incapable de tenir ses engagements envers la mythique. Elle demeura seule dans la demeure, aussi désertée désormais que ses ruines. Elle y demeura, jusqu'à l'arrivée d'une nouvelle famille. Une famille ignorant tout du gaélique, une famille dont la race et le sang ne valaient rien, aux yeux de la pleureuse. Une famille qui rasa les ruines, et apporta ses propres rites, ses propres croyances. La banshee quitta la plaine des Ifs, chantant pour un temps les deuils des paysans, avant de s'éloigner plus encore, alors que le peuple même quittait l'Europe, cherchant refuge sur le nouveau continent.
Les luttes de religions la laissait indifférente, elle ne comprenait guère la différence entre catholiques et protestants, et ne percevait rien de ce qui se dissimulait derrière les interdictions de cultes. Ne comprenait pas que par les fidèles, c'était un peuple et une culture que l'on voulait éradiquer.
Mais la révolte contre l'Anglais grondait, de plus en plus forte. Jusqu'au soulèvement. Soulèvement populaire, désespéré. Réprimé, écrasé. Plus du tiers de la population fut massacrée. Les banshees, à travers le pays, hurlèrent et pleurèrent à s'en briser la voix, à en avoir la gorge en sang. Et dans les landes pauvres du Connachta, ce fut l'afflux d'un peuple effrayé. Un peuple qui cherchait le réconfort dans la présence de ses figures protectrices. Elle était jeune, encore, mais une adulte déjà, et une mère, pratiquement, pour la population désespérée. Drôle de mère, certes, qui prévoyait et chantait les morts, un drapeau et un ralliement pour ceux qui venaient, seuls ou en groupe, auprès du bosquet d'arbres qui lui servait de demeure. Des ifs, à nouveau. Elle aimait ces arbres, emprunts de magie et de pouvoir.
Alors que les lois durcissaient contre ceux qui devenaient, chaque jour davantage, son peuple, alors qu'elle apprenait la patrie, la culture et la nation, elle se découvrait elle-même. Découvrait la brume, qu'elle pouvait faire naître de la terre humide, du ciel gris, d'une mare, pour ensuite la modeler à sa guise. Les pleureuses sont solitaires, par nature et par nécessité, mais plusieurs avaient suivi leur clan, ou avaient fuis le peuple nouveau qu'on voulait imposer à leur île. Elle trouva des sœurs, dans ces landes désolées, des aînées qui lui enseignèrent la magie coulant dans ses veines, à l'image de son ichor pâle. La moitié d'un siècle passa ainsi, dans l'oppression et l'exode, dans les craintes et les espoirs, que Niam faisaient siens chaque jour davantage. Ses sœurs la mirent en garde, lui conseillèrent de se lier à un nouveau clan avant d'être happée par tout cela, sans quoi les douleurs du peuple deviendraient siennes. Mais elle n'en fit rien. Son clan, qui ne pouvait rien lui offrir de plus que des prières et des larmes, ce devint les irlandais.

Et elle comprit la souffrance dont parlaient les siennes, durant l'hiver de 1739. Si dur, si froid, que même les vents marins ne pouvaient adoucir. Où les plantes mourraient, fourragères comme sauvages. Où moururent tant de bêtes, les loups comme les brebis. Où moururent tant d'hommes, alors que la famine prenait place, et durait jusqu'à l'automne 1741. Elle souffrit, connut la faim, le froid et le chagrin, pleurant chaque enfant, chaque femme et chaque homme qui succombait.

Mais dans toute cette douleur, alors que tant tombaient, d'autres se levaient. Des hommes et des femmes, qui préféraient lutter que disparaître, qui s'opposaient à l'envahisseur anglais, armés de fourches lorsqu'ils n'avaient plus d'armes, occupant les églises interdites par l'occupant. Qui cherchaient des alliés ailleurs, là où les peuples se disaient libres et autonomes. En réaction, les protestants constituèrent des milices, chargées de traquer les résistants. La loi martiale étouffait la contrée, et les abus se faisaient toujours plus nombreux, toujours plus violents. Elle se lia aux meneurs irlandais, non pas guerrière, mais espionne, simple filet de brume aux fenêtres de l'ennemi. Symbole, aussi, icône de la lutte, de la survivance de la culture gaëlique. Devenant Saoirse, la liberté.

***

18 novembre 1798
Theobald Wolfe Tone. Un nom d'humain, pour dissimuler la nature véritable de l'être. L'homme qui gisait devant elle n'était pas humain.
Le vrai Théobald était décédé, une dizaine d'années auparavant, dans la banlieue dublinoise, alors qu'il revenait de Londres. Un Fian, avait trouvé l'humain mort, et prit sa place, abandonnant son nom d'Oisin pour celui de Wolfe. Un guerrier, aussi désireux qu'elle de libérer leur patrie de l'oppresseur anglais. Elle l'avait connu, fréquentant tous deux les mêmes cercles, alors qu'il militait et prônait l'union des irlandais, quel que soit leur culte. Durant quelques années, ils avaient été amants. Elle avait porté un fils issu de leur union, qui avait rejoint les rangs des Fianna. Puis il était parti, leur cause avait plus d'importance que leur amour. S'aimer, ils avaient des décennies pour cela, dans un pays libre. Il avait rejoint les terres de l'ouest, qui toujours pour les irlandais avaient été source d'espoir. Puis il avait rejoint la France, afin d'y trouver des alliés, et de chercher chez eux un peu de la liberté qui manquait tant à sa nation.
Lorsque tant de leurs amis furent arrêtés, lorsque le peuple s'était soulevé, massivement, et menaçait d'être écrasé, il était revenu, à la tête d'une troupe française, pour les soutenir. Pour permettre la création de la république de Connaught. Un été d'espoir, durant lequel fut conçue une seconde naissance, une fille. Aislinn, le rêve. Un été trop court. Avec les pluies d'automne revint la défaite. Puis ce fut novembre. Le mois des larmes, tel que l'appelait désormais la banshee.
Oisin fut fait captif, et condamné. Mince écharpe de brume, la pleureuse vint à lui, dans les geôles et derrière les barreaux, à la faveur de la nuit. Cette situation, ils l'avaient évoquée déjà. Il était guerrier, et bien qu'il espéra la mort au combat, il courrait le risque de la capture. Il ne pouvait permettre la découverte de ce qu'il était. Trop de peuples en pâtiraient, celui d'Irlande, mais aussi tous les mythiques. Si l'anglais protestant associait les troubles aux mythiques, alors il les chasserait, comme il chassait les catholiques. Elle savait, le chaointe avait coulé de ses lèvres tout le jour. Et elle apportait avec elle une lame de fer, simple canif pris dans les affaires du Fian. Ce fut lui qui accomplit le geste funeste. Lui qui se trancha la gorge, après une dernière nuit d'amour et de larmes.
Mais il faut plus qu'un unique coup pour prendre la vie d'un guerrier mythique. Son corps luttait, pour conserver cette vie qu'il voulait prendre. Chaque nuit, elle était revenue, et avait rouverte cette plaie béante que le jour tentait de cicatriser. Chaque nuit, ses larmes baignaient son amant, alors qu'elle l'aidait à mourir.
Cette nuit était la dernière. Ses forces sur humaines étaient épuisées, et son visage pâle déjà comme celui d'un mort. Ce furent des lèvres froides qui recueillirent ce dernier baiser, ce dernier adieu. Et le chaointe résonna durant plusieurs jours et plusieurs nuits, en des ruines à l'écart de la cité, où elle dissimulait sa douleur. Où grandissait sa fille.

Où vinrent la chercher ses amis, deux ans plus tard.

***


La répression, suite à cette alliance avec les français, suite à cette révolte, fut terrible. Et à l'aube du XIXe siècle, le Royaume-Uni adressa un nouveau camouflet à l'Irlande, par l'Acte d'Union, asseyant son autorité indiscutable sur l'Eire des catholiques.

Les résistants n'abandonnaient pas la lutte, et elle fut rappelée, conduite jusqu'à la grande cité de Baile Atha Cliath, la capitale du pays, où Daniel O'Connell incarnait l'image de l'opposition. Et son discours plut à la banshee. Son discours était celui de son amant défunt, l'union des cultes, au profit de la culture et de la langue gaéliques, au-delà des clivages religieux. Il paraissait ridicule de s'opposer autour d'un homme sur une croix, alors que l'une des militantes était de la race féerique... Il aidait les pauvres, et luttait par la politique plutôt que par les armes. Elle devint son amie, alors qu'il parvenait à rendre leurs droits aux catholiques trop longtemps maltraités, leur rendant l'accès au Parlement en y entrant lui-même, avant de devenir le maire de Dublin. Et bien que la pleureuse ne parasse aucunement subir les outrages du temps, elle demeura une amie fidèle, alors que les années prenaient leur dû sur l'humain.

Mais de nouveau la famine frappa, au milieu du siècle, alors que la révolte grondait à nouveau. Daniel, vieillissant, était absent d'Irlande, parti faire un pèlerinage pour Rome. Il n'atteignit jamais la ville sainte. Son corps ramenait à Dublin traversa une ville affamée, mais qui trouva néanmoins la force de le pleurer. La faim causait à nouveau ses ravages, et l'Angleterre fut accusée de laisser délibérément mourir les irlandais, par vengeance et soif de domination. Les soulèvements reprirent, sans succès, sévèrement réprimés. Bien des gaéliques, épuisés par la lutte et les famines, quittèrent leur île natale, pour rejoindre l'espoir américain. L'exil, la répression, la faim laissèrent l'Eire exsangue, privée de la moitié de sa population en un demi-siècle. Mais non dépourvue de sa combativité.

Les luttes se firent politiques, et Niam apprit beaucoup des accords, de la négociation et de la diplomatie alors que la modernité changeait définitivement le visage des villes, et faisait d'elle une figure archaïque, vestige d'un passé superstitieux et révolu. Bien de ses sœurs avaient quitté le monde des hommes, gagnant à jamais celui des mythes, mais la pleureuse refusait d'abandonner la lutte, passionnée et impliquée. Désuète, mais toujours présente, au côté des indépendantistes. N'apportant guère que son symbole et sa présence, mais généreuse de ses encouragements, de son aide, de son soutien.

Elle put trouver un rôle plus actif, plus utile, alors qu'en 1908 était créée une école bilingue à Dublin, enseignant aux enfants du pays leur langue natale si peu répandue. Dissimulant sous de la teinture sa trop blanche crinière, elle y enseigna le gaélique, trouvant un nouveau bonheur dans la possibilité de transmettre cette culture et cette langue si chères à son cœur. Elle était un professeur doux et patient, à qui l'on pardonnait volontiers ses exils lorsque l'un de ses amis venait à mourir. Elle se lia au fondateur de cette école, Patrick Pearse, An Piarsach, poète et écrivain tout autant que professeur. Et insurgé, membre de confrérie visant le renversement la domination britannique. Il n'était pas rare qu'il s'y rendit accompagnée de sa maîtresse, belle femme pâle et silencieuse, à qui lui confiait son école lorsqu'il était retenu ailleurs.

Et une petite victoire, minime et pourtant importante, eut lieu, alors que la loi rendait enfin à l'île une relative autonomie. Autonomie théorique, cependant, car les Lords anglais usèrent de leur pouvoir suspensif pour qu'elle ne soit jamais appliquée. Ensuite vint la guerre. A nouveau les banshee pleurèrent, bien qu'elles soient désormais si rares.
Le goût du sang ne quittent pas aisément le cœur des hommes. La Pâques 1916 vit se soulever les milices. Parmi les meneurs, l'amant de la banshee, et plusieurs de leurs amis. Mais ce furent les civils qui souffrirent des combats, plus que tous autres. Et  An Piarsach refusait de faire payer ce peuple qu'il désirait libérer. Alors il se sacrifia, il sacrifia ses amis et son mouvement, à la cause du peuple. Il signa le cessez-le-feu. La pleureuse se hâta à lui, en cette prison où il était cloîtré, mais elle ne put le convaincre de se dédire, de fuir. Et le lendemain, dans le jour naissait, ses hurlements se confondirent dans le miaulement des balles qui déchiquetaient son amant.
Ce deuil fut pourtant ce que le poète pouvait infliger de meilleur à sa contrée, car la liberté devait en naître. Par la politique. Par les armes. Par la guerre civile. Dix-sept ans après ce drame, le serment au souverain britannique était aboli, l'Eire était libre.

Niam pleurait et riait en ce jour tant attendu.

Elle demeura en Irlande, mais elle fit ses adieux à ses amis et à Dublin, préférant se retirer de la politique de son pays. Elle n'était qu'un vestige du passé, alors que l'avenir s'ouvrait. Et les médias de plus en plus présents rendaient précaire la dissimulation de sa nature. Elle demeura encore quelques années dans le monde des hommes, avant de se résoudre à l'exil. Il n'y avait plus rien pour elle sur terre, et elle craignait que la grande guerre qui venait de déchirer l'Europe ne se reproduise.

Elle gagna Saol Eile pour y trouver les ruines d'une guerre jumelle. Ellle trouva sa place dans ce monde qui tachait de se reconstruire. Elle avait découvert auprès des hommes sont amour de la justice, et elle choisit de s'y consacrer. Elle suivit des études pour la première fois de sa vie, et la nouveauté de la chose ne l'empêcha pas d'obtenir les diplômes qu'elle visait. Elle devint juge pénale dans la cité état de Ta Suil. Elle eût la surprise et la joie d'y voir s'accomplir l'œuvre de Kassandra, bien de son Chaointe se fit lugubrement entendre à cette occasion.

Et si elle ne songe pas à devenir mère à nouveau, elle se réjouit de l'ouverture du flux, et de l'espoir qu'il porte.


◈ In Real Life ◈
Qui êtes-vous dans la vraie vie ?

vavafi10.jpg⇒ Pseudo Internet : Inaalwyn
⇒ Âge : 36 ans bientôt
⇒ Premier Compte ? C'était un deuxième compte à la v1, mais le premier v2
⇒ Comment avez-vous connu le forum ? Je connais les créateurs
⇒ Un dernier mot ? Je vous aime !
⇒ Qui est la créatrice du Flux ?
Code:
✮ [b]OC[/b] ⇒ Niam Eo

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25.04.23 14:16

Banshee
vavafi11.jpgEspérance de Vie : 800 ans environ
Créatures des landes, les banshees sont une espèce uniquement féminine, capable de procréer avec les mâles des autres espèces humanoïdes. Si l'enfant est une fille, ce sera une banshee, si c'est un garçon, il sera de la race du père. Les banshees sont des femmes dont la peau, les yeux et les cheveux peuvent être blancs, gris ou plus rarement bleus ou noirs. Elles sont souvent solitaires, de par leur capacité à sentir venir les malheurs sans pouvoir les prévoir de façon claire : elles savent quand un décès ou un drame va arriver, sans savoir qui sera touché. Ce savoir se manifeste par des mélopées funèbres irrépressibles, ce qu'on appelle le chaointe , caointe ou keening. Ce don de prescience est de portée locale, variable selon l'âge et la puissance de la banshee.
Par certains rites, la banshee peut s'attacher à une famille ou un clan, et elle en devient la protectrice. Le chaointe ne se manifeste alors plus que pour les membres de ce groupe.
Les banshees possèdent souvent une magie "climatique" : neige, brouillard, pluie ou vent, limitée à un seul élément et dont la puissance varie.




Race Mythique
Ourania    
Race Mythique
Ourania
▌Jour d'Arrivée : 18/07/2016
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▌Âge du Personnage : 580 ans
▌Race : Draconide
▌Métier : Première Apprentie de Kassandra, mage dimensionnelle
▌Multi-Compte : Ethan Kern
▌Actif ? : Oui^^

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